Le 31 mars 2016, 80 salariés étaient présents à Saint-Ouen, dans la structure mise à disposition par la mairie. Marie Lahaye, conseillère technique auprès de Colombe Brossel et Laurence Serrano, directrice du service jeunesse de la ville de Saint-Ouen étaient également présentes.
Frédéric Molossi, vice-président du Conseil Départemental 93, a ouvert la journée, saluant cette initiative et présentant l’engagement de la Seine-Saint-Denis en matière de prévention spécialisée. Il a insisté sur l’importance d’un travail commun avec les services administratifs du département.
Jean-Marc Steindecker, après avoir remercié Monsieur Molossi et l’accueil de la ville de Saint-Ouen dans leurs locaux, a introduit la réflexion. Il a rappelé que la prévention spécialisée a une influence « positive » sur la prévention de la délinquance par les liens créés avec les jeunes et les partenaires, au travers de multiples modalités d’actions éducatives (travail de rue, accompagnement individuel, actions collectives avec les groupes, etc…) ou par la volonté d’insérer en s’appuyant sur le partenariat (chantiers éducatifs, chantier école, espaces dynamiques d’insertion, organismes de formation comme le Safip, etc.). La force de la prévention spécialisée réside dans ce qu’elle peut proposer aux jeunes.
Comme le dit si bien un garçon de 17 ans : « La prévention spécialisée, c’est la sécurité. C’est pour être bien dans son quartier, ne pas avoir de problème, être protégé, surtout contre les conneries que je serais tenté de faire ».
La question qui se pose à nous est donc d’identifier les aspects de notre pratique qui influent sur la prévention de la délinquance face aux sollicitations des acteurs publics.
A nous d’expliquer notre travail aux élus et à tous nos partenaires pour éviter toutes les incompréhensions.
La sociologue Véronique Le Goaziou a présenté son travail de recherche sur la prévention spécialisée. Dans un premier temps, elle a souligné l’évolution du contexte sociopolitique, notamment l’importance croissante des enjeux de sécurité et des agissements juvéniles, l’inversion de la dialectique de la responsabilité. De nombreux professionnels, experts sont arrivés dans les domaines de la prévention, de la médiation, de la vidéo-surveillance, etc.
Puis, Véronique Le Goaziou a valorisé les atouts de la prévention spécialisée et sa capacité à contribuer à la prévention de la délinquance à partir des pratiques éducatives quotidiennes menées auprès des jeunes et des habitants :
- Les équipes sont présentes sur les territoires et travaillent avec les rythmes de vie des jeunes.
- Vous avez du respect, de la bienveillance et de l’écoute à l’égard de publics qui subissent souvent des regards durs.
- Vous êtes réactifs et rapides, disponibles immédiatement s’il le faut. Cette capacité à agir immédiatement se conjugue avec des projets éducatifs à long terme.
- Vous croyez que c’est possible – mettant ainsi le passé du jeune (pour ne pas dire passif) en suspens.
- Vous êtes pour vos publics des « apaiseurs » de tension, régulateurs de leurs conflits internes, des conflits avec les adultes.
Enfin, cette sociologue nous encourage à dire autrement nos pratiques de la prévention spécialisée pour se faire mieux entendre et comprendre.
Yann Bourhis et Patrick Gosset, les directeurs des deux services de prévention spécialisée, ont expliqué les modalités d’engagement des équipes dans la prévention de la délinquance : participation des cadres aux réunions d’élaboration des contrats locaux (arrondissement ou ville), partenariat avec la PJJ et le SPIP, visites des jeunes en prison pour préparer la sortie, etc.
Les échanges avec les 80 salariés ont permis d’exprimer des questionnements sur les politiques publiques, des pratiques différentes, des attentes multiples.
Un atelier « l’acte délinquant comme support éducatif » a permis de débattre des pratiques mises en œuvre sur le terrain.
Cette journée a été préparée par un petit groupe constitué des directions, des chefs de service et d’éducateurs des deux services de prévention spécialisée, de la directrice générale adjointe. Le repas a été assuré par l’atelier traiteur de la Maison de la Juine. Nous remercions toutes ces personnes qui ont contribué à la bonne réalisation de cette journée.