Accompagner les jeunes vers l’emploi et la formation : un enjeu essentiel pour prévenir les conduites à risques.
Le 27 mai, à la Mairie de Paris, 150 participants représentant plusieurs services de la mairie de Paris et de l’Etat, magistrats, éducateurs d’associations de prévention spécialisée , de la PJJ ou du service de probation, formateurs, acteurs de la santé et de l’insertion, de la Mission locale de Paris étaient réunis à l’initiative de la Mission de Prévention des Toxicomanies de la DASES et de la Direction de la Prévention et de la Protection. L’objectif de cette conférence, animée, avec brio, par Santiago Serrano, directeur de la Mission de prévention des conduites à risques de la Seine-Saint-Denis était d’échanger sur les questions de formation et d’insertion des jeunes à partir d’un dispositif porté par le service de formation de la Fondation, le SAFIP, et aussi par le service de prévention spécialisée de Paris.
L’après-midi a été introduite par Myriam El Khomri, adjointe au Maire de Paris, en charge de la prévention et de la sécurité qui a présenté les grands axes de la politique de prévention développée par la ville de Paris que ce soit dans le champ de la prévention de la récidive ou du décrochage scolaire. Myriam El Khomri a illustré cette politique volontariste par la présentation de quelques outils mis en place, par exemple, l’accompagnement individuel proposé par la Mission locale aux jeunes incarcérés à Fleury Mérogis ou à la prison de la Santé. De même, Myriam El Khomri a rappelé l’importance du partenariat, souhaitant un travail collectif sur ces questions : acteurs de la justice, du travail social, de la formation et de l’entreprise.
Rappelons qu’en 2009, Marie-Pierre Hourcade, Présidente du tribunal et juge des enfants pour le 20ème arrondissement confrontée à la question de l’emprise du trafic sur les mineurs, fut l’initiatrice du dispositif « lutte contre le trafic », faisant le pari de substituer aux revenus d’activités délictueuses des ressources légales, en favorisant l’emploi des jeunes. L’objectif était de prévenir la récidive de l’usage et du trafic des drogues des jeunes sous main de justice ou susceptibles de l’être par une démarche d’insertion sociale et professionnelle.
La Fondation a porté le dispositif et l’a élargi en 2010 aux jeunes parisiens âgés de 16 à 28 ans en mettant en place l’action « jeunes vers l’emploi ».
Lors de la première table ronde, Stéphane Colenthier, directeur du Safip, et Anthony Repussard, coordinateur du dispositif, ont présenté cette action ainsi que les résultats encourageants de l’année 2012 : sur 42 jeunes accueillis, 15 jeunes ont trouvé un emploi ou une formation. Cécile Rabouin, animatrice territoriale et Pascal Redondo, coordonnateur justice, représentants de la Mission locale de Paris, Alain Rezé, éducateur du Club de prévention spécialisée du Canal de l’OPEJ ( Œuvre de Protection des Enfants Juifs) ainsi qu’une représentante de la PJJ qui ont orienté des jeunes vers ce dispositif ont souligné sa pertinence ,en raison ,tant de sa souplesse que de la qualité de la prise en compte globale du jeune accueilli.
A partir de regards croisés, la seconde table ronde était axée sur le partenariat justice, travail social et entreprise avec l’enjeu d’offrir des réponses concrètes d’emploi aux jeunes suivis par la justice comme l’a souligné Nadine Regereau, juge des enfants à Paris. Pour Yahia Adiane, directeur d’un centre social et Medhi Lacheheb, directeur de l’Entreprise d’Insertion Infobat, accéder à l’emploi c’est tout d’abord accéder à un statut, à une place dans la société. En tant que chefs d’entreprise, ils nous ont aussi fait part de la complexité du rapport des jeunes au travail, de la nécessité de les soutenir dans leur parcours. En effet, si la valeur travail demeure toujours importante, les jeunes sont souvent déçus de découvrir, lorsqu’ils élaborent un projet professionnel que leurs lacunes scolaires leur en interdisent l’accès. Nicole Gloaguen, Directrice générale de Jeunesse Feu Vert ,reprenant les éléments d’une enquête du Conseil d’Analyse Economique a rappelé que la France a un problème spécifique avec l’emploi des jeunes, le taux d’emploi des 15 -24 ans est de 30% et ce qui est particulièrement préoccupant c’est que 17 % des jeunes de 15 à 29 ans ne sont ni à l’école, ni au travail, ni en formation ! Au regard de leurs trajectoires mais aussi de leurs stratégies d’action il est urgent de leur proposer une diversité de réponses afin d’éviter qu’ils ne glissent vers le fatalisme : dispositif du Safip mais aussi Entreprises d’Insertion et plus en amont chantiers éducatifs ou autres réponses.
Isabelle Jeannes, de la Mission de prévention des toxicomanies a conclu sur l’intérêt de cette expérience, nous invitant à continuer à partager sur ce thème en élargissant la réflexion à d’autres acteurs, lors d’un prochain rendez-vous.